Ce n’est pas évident, mais ils l’ont fait quand même : 24 jeunes de France, d’Allemagne et de Russie ont développé des outils contre le discours de haine pendant une semaine d’échange à Saint-Pétersbourg. Anna-Louise, animatrice interculturelle chez Une Terre Culturelle, nous présente ce projet et ses résultats.
Ensemble pour la paix ? Qui regarde les médias aujourd’hui va trouver tout le contraire de ça… le populisme émergent dans plusieurs pays européens et hors-européens, la réactivation des anciens stéréotypes et des discours discriminants constituent notre réalité quotidienne aussi bien au niveau géopolitique qu’au niveau régional et local.
Avec notre
projet « Ensemble pour la paix », nous cherchons à établir un
contrepoids à cette tendance. Pendant ce projet en trois phases, nous
réunissons 24 jeunes de la Russie, de l’Allemagne et de la France – trois pays
qui étaient en guerre ou relations conflictuelles pendant longtemps, mais qui
sont aussi la preuve – au moins pour la France et l’Allemagne – qu’il est
possible de surmonter des conflits. En juillet, Une Terre Culturelle avec huit
jeunes du quartier d’Air Bel à Marseille a accueilli huit jeunes du centre de
jeunes KLEX à Jena, une ville en Allemagne de l’Est, et huit jeunes du centre
de rencontre germano-russe (DRB) à Saint-Pétersbourg. Ils ont travaillé autour
de la notion de la paix et ont vécu la paix trinationale lors des activités de
sport et de découverte culturelle.
En octobre, les
groupes des français et des allemands se sont rendus à Saint-Pétersbourg.
Contents de se revoir et excités de visiter la ville de Saint-Pétersbourg, l’échange
a démarré dans des bonnes conditions. Le premier matin, les jeunes se sont mis
d’accord sur le fait qu’ils voulaient découvrir non-seulement le
Saint-Pétersbourg touristique, mais surtout le Saint-Pétersbourg des jeunes
russes – qui étaient également motivés pour montrer la ville de leur
perspective.
Les jeunes ont
visité le centre-ville de Saint Pétersbourg et l’Hermitage, mais aussi des
cafés et centres culturels associatifs. Les visites des lieux, nouveaux pour
les français et les allemands, ont suscité des conversations sur des
thématiques dont on parle rarement, comme les cultures, le rôle de la religion,
les enjeux de l’histoire etc. Les jeunes russes en ont également profité car les
jeunes français et allemands ont apporté des nouveaux regards sur leur
environnement. Cette expérience est fréquente dans des échanges de
jeunes : Dès qu’on change de lieu, on se trouve confronté à des sujets auparavant
négligés. Une mobilité internationale d’une personne entraine une mobilité
d’esprit.
Grâce à cette
expérience, le groupe franco-allemand-russe s’est de mieux en mieux consolidé.
Même ceux qui étaient timides au départ parce que leurs connaissances en anglais
étaient limitées (ce qui a rendu la communication en temps informel plus
difficile pour eux) se sont lancés et ont bien communiqué avec les autres. Des
moments de production créative en petits groupes ont été très appréciés par les
jeunes cela a valorisé leur autonomie.
A part cette
expérience d’une vie en communauté interculturelle pendant une semaine, nous
avons mis aussi des sujets délicats sur la table : Pendant trois ateliers,
nous avons abordé la propagande et le discours de la haine qu’on retrouve
aujourd’hui dans les médias et dans le quotidien des jeunes. Nous avons
développé des outils pour éviter le discours de la haine et les jeunes les ont
présentés dans le cadre d’une simulation d’un plateau télé.
Ensemble pour la
paix ? Oui ! C’est possible ! Les deux phases du projet à
Marseille et à Saint Pétersbourg nous en ont apporté la preuve. La troisième et
dernière phase du projet à Jena en Allemagne en 2020 s’approche…
Outils d’action contre le discours de haine
développés par les jeunes de l’échange franco-allemand-russe :❤🔝
- Se rendre compte de ce qu’on dit/répète
- Connaître soi-même afin de pouvoir mieux communiquer
- Être ouvert envers des autres
- Rassembler plusieurs informations afin de se créer une propre opinion
- Exercer de l’empathie
- Poser des questions critiques
- Remettre en cause des affirmations générales
- Sortir des cases
- Déconstruire des stéréotypes par des bons arguments
- Se faire entendre pour dénoncer des injustices
- Utiliser son influence pour faire du bien
- Manifester son opinion
- Faire de sa colère un engagement
En partenariat avec le Centre social Air Bel Marseille, en Allemagne Pangera e.V, KLEX Kinder und Jugendzentrum Jena et Deutsch-Russisches Begegnungs-zentrum à Saint-Pétersbourg.
Avec le soutien de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse et le programme Erasmus + de l'Union Européenne.