Service civique ? Volontariat ? Bénévolat ? Mais qu’est-ce que c’est? Et y a-t-il une différence ou pas?
Afin que vous compreniez ce que c’est, je vous donne les définitions:
« L’ambition du service civique est d’offrir à toute une génération l’opportunité de s’engager, de donner de son temps à la collectivité. Le service civique a également pour objectif de renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale. »
« Le volontariat est un engagement formel (un contrat) pour une durée limitée à temps plein. Le volontaire n’est pas salarié mais perçoit une indemnité. Les différents statuts de volontaire sont dérogatoires au code du travail. Le contrat de volontariat n’implique pas de lien direct de subordination. »
« Le bénévolat désigne une activité de services envers autrui, de son plein gré et sans rémunération. Les actions de bénévolat, qui ne sont pas une simple adhésion, s'exercent en général dans le cadre d'une association, d'un syndicat ou d'une structure publique, éventuellement dans une entreprise privée à vocation sociale. »
Voila donc trois définitions différentes pourtant plusieurs aspects en commun. Ce qui fait la différence: en tant que bénévole on n’est pas payé, en tant que volontaire/service civique on a droit à une certaine indemnité.
Comparant les définitions à ma mission, il n’y en a pas une seule qui pourrait l’expliquer complètement, mais toutes les trois. Mais comme je me suis engagé pour un an et que j’ai eu une indemnité, j’avais plutôt le statut d’un volontaire.
Mais pourquoi s'engager? Qu’est-ce que ça nous apporte? Est-ce que l’on gaspille son temps? Honnêtement, je n’en savais rien avant de m'engager.
Moi personnellement, je ne savais pas ce que je ferais après mon baccalauréat. En réfléchissant, je me suis rendu compte que je ne voulais pas faire des études tout de suite mais prendre une année sabbatique. Mais où aller et pour faire quoi ? La réponse : Je partirais pour la France. La France ! „Pourquoi la France ?“, on m’a demandé en plaisantant sur les clichés français. « Je ‘kiffais’ le français », je leur ai dit. Donc le pays a été choisi mais malheureusement pas plus. Je me retrouvais au tout début d’une aventure. Je ne savais pas où commencer. En allant à droite et à gauche et après mille ans de recherche, j’ai trouvé une association qui s’appelle „BIQ – Beschäftigung-Integration-Qualifizierung“ et avec eux il n’y avait pas le moindre problème. On m’a invité à l’entretien obligatoire et quelques jours plus tard j’ai eu ma réponse. J’ai été choisi. J’étais heureux. Je ne savais pas encore quelle ville on m’avait choisie. Quoi qu’il en soit. « Tant qu’ils respectent ma demande de m’envoyer dans le sud de la France, tout va bien », je me disais.
Marseille ... Marseille ... Marseille ... il fallait le répéter plusieurs fois ... Marseille on m’avait choisi. Le gros lot, je me suis dit. La Mer Méditerranée. Le soleil. « Marseille, c’est la plage, le foot, la gratte en pleine chaleur », chante un rappeur marseillais, et comme il a raison !
Il y en a qui étaient jaloux, pourtant il y en a beaucoup qui n’auraient pas voulu prendre ma place. C’est chaud là-bas. « N’y va pas, tu vas mourir », j’ai entendu parler, « et les quartiers nord », m’avait dit un marseillais. D’un coup, j’ai changé d’avis. J’en doutais. Je me disais: « Qu'est-ce que j'ai à foutre là-bas? Vaut-il mieux aller ailleurs? »
« Marseille n’est pas une ville pour touristes. Ici, il faut prendre partie. Se passionner. Être pour, être contre. Être, violemment. [...] Même pour perdre, il faut savoir se battre », a dit Jean-Claude Izzo, journaliste et écrivain français et il a absolument raison. Après avoir vécu un an à Marseille, je sais ce que ça veut dire: être marseillais, vivre ou plutôt survivre à Marseille.
Donc, quand je suis arrivé à Marseille, je doutais. En plus, j’étais malade. « Il ne m’arrive que de la merde », je me disais.
Vu que je ne devais commencer que le 5 septembre au « taff », j’étais libre et en mode découvreur. Je « trainais » partout, mais c’était fatiguant. Comme il faisait une quarantaine de degrés, il fallait éviter le soleil. Crème solaire? Je ne savais pas ce que c’est, mais à la fin de mon premier jour à la plage, j’ai reconnu mon erreur. J’étais cramé. Noir et rouge. Au début, j’étais seul. Je ne connaissais que Richard, un autre volontaire allemand, mais quand il était occupé, je n’avais rien à faire. Je trainais seul. Je n’aime pas trainer seul.
Donc ce que je peux conseiller à ceux qui vont passer un an à l’étranger : ne vous inquiétez pas s’il y a quelques soucis au tout début. C’est normal. Ne faites pas la crise. Cela ne sert à rien. Il vaut mieux rester calme. C’est vraiment important. Je le sais maintenant.
Marcel, il est venu tout seul avec ses claquette, et il a dompté Marseille et le Panier
Bref, le 5 septembre je devais aller travailler pour la première fois. Une salariée d’Une Terre Culturelle (UTC, mon association d’accueil) m’avait accompagné. Je me retrouvais au Panier, le plus vieux quartier de Marseille, avec Hanna, et avec le directeur du centre social, M. Alain Claret. Le bâtiment était vieux. Il date, on m’avait dit. Une vieille église apparemment. Dans la salle de réunion, les deux m’ont expliqué ce qu’ils font là, ce que c’est comme bâtiment et beaucoup plus, mais moi avec mon français scolaire, je n’en comprenais rien et en plus, tout était nouveau autour de moi. Je n’arrivais pas à me concentrer. Peu importe. Je faisais semblant d’avoir tout compris.
Parfois j’avais mal à la tête à la fin d’une journée vu que j’ai dû me concentrer quand il fallait parler. Mais ça allait mieux. Je ne me souviens plus du jour exact, mais ça allait mieux. Beaucoup mieux.
Ma tutrice au centre social? Françoise, une dame près de la retraite, très gentille. Elle m’avait fait mon planning. Je me souviens bien que je tournais beaucoup au centre social au début. Je travaillais avec des enfants, avec le secteur famille, avec des immigrés qui ne maitrisaient pas le français. En plus, je n’avais que 25 heures à travailler. Tous les jours je devais être là vers 9h – mais à l’heure marseillaise, pas à l’heure allemande. La première chose à faire au boulot tous les jours? Boire du café! Ça, c’est le sud!
Ce n’était pas mal non plus. Honnêtement, je me suis régalé. J’y étais de septembre à décembre. D’un coup, ma tutrice est tombée malade. J’étais perdu au centre social. Je me sentais comme un OVNI là-dedans. Je ne savais plus quoi faire. Le directeur ne savait même plus que j’existais à mon avis. Je n’y allais plus. Pendant un moment, le centre social ne faisait plus partie de mon quotidien. À peu près un mois plus tard, le président d’UTC et le responsable du Secteur Jeunes du centre social Baussenque est venu me voir. Il m’avait demandé de l’accompagner et en buvant un café, il m’a expliqué ce que c’est le Secteur Jeunes et ce qu’ils font là-bas. Il m’avait convaincu de travailler avec lui, pourtant je ne sais pas si j’avais le choix en ce moment là. La porte d’entrée du local: aussi folle que lui.
Les jeunes du quartier. Naïfs, mal-élevés, malpolis mais les meilleurs, je les adorais. Il fallait un certain temps d’adaptation avec eux, mais au secteur j’étais bien. J’étais animateur et coordinateur. En plus, j’avais une équipe merveilleuse. Mon chef qui est devenu mon père là-bas avait tout fait pour moi et pour que je sois bien à l’aise. J’y étais pour 7 mois et je n’aurais pas pu trouver meilleur que ça. Le gros lot. On a fait des sorties, des échanges, des soirées casino, on s’ennuyait pas. Jamais. Grace à mon chef, M. Bigue, tout allait bien. Le bâtiment du Secteur Jeune était vieux, à l’ancienne, mais il avait beaucoup de charme. C’est devenu ma maison. J’avais la clé, mais c’était beaucoup plus qu’une clé d’une porte d’entrée: c’était la clé qui m’ouvrait la porte à ma deuxième maison. Vu que c’était juste à côté du vieux port, j’y dormais quand il n’y avait plus de métro ni de tram. J’y étais bien. Je connaissais tout le monde au Panier et tout le monde me connaissait aussi. C’est important dans le social: il faut être présent. J’ai réussi à créer et à renforcer un partenariat avec la maison de retraite du Panier et avec le Club de Pétanque. Mais ne croyez pas qu’il n’y avait pas de criminalité. Même quelqu’un qui est aveugle aurait remarqué ce qui se passe au Panier, le plus chaud quartier à l’époque. Mais je n’en dis rien, je ne veux pas vous faire fuir.
Marseille est riche et pauvre en même temps. La pauvreté? Oui bien sûr, je parle de ceux qui n’ont même pas assez de sous pour acheter à manger. La richesse? Oubliez l’argent! Je parle du multiculturalisme et de l’aspect que celui qui est né à Marseille, il n’est ni maghrébin, ni français, il est marseillais! C’est impressionnant.
Donc ce que j’aimerais bien vous dire à la fin: il ne faut pas avoir peur. C’est Marseille, ça fait toujours partie de la France, de l’UE, même si on en doute parfois. Il y a beaucoup de gens pauvres là-bas. Il y a beaucoup de gens criminels, là-bas comme ailleurs. Tant que vous ne plongez pas à font dedans, il ne vous arrivera rien. Je vous promets. Je sais bien de quoi je parle. Faites attention, c’est tout.
Moi personnellement, je suis très, très content d’avoir eu la possibilité de vivre une telle expérience. C’était de la chance. C’était tellement influençant que ça m’a changé ma vision du monde.
Merci à:
Karin, Teresa (BIQ – Beschäftigung Integration Qualifizierung),
Cassandre, Janina, Rafik, Hanna, Marlie, Julia (Une Terre Culturelle),
Toute ma famille et Mme Zingler
et à mes amis
de m’avoir soutenu pendant toute l’année.
Marcel B.