C'était hier, c'était il y a cinquante ans.
Hier, dans la salle de conférence de l'Alcazar redevenue salle de spectacle, YADRA, une création théâtrale franco-germano-algérienne réalisée par une trentaine de personnes, artistes professionnels et amateurs curieux qui, durant quatre phases de rencontre, entre Marseille Berlin et Oran, se sont découverts puis retrouvés, groupe formé, pour avancer.
Avancer parce qu'en 2012, lorsqu’à démarré le projet, cela faisait tout juste cinquante ans qu'avaient été signés d'une part les accords d’Evian mettant fin à la guerre d'Algérie, de l'autre les statuts de l'Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ). Un office toujours actif des deux côtés du Rhin, passerelle d'échanges et d'expériences pour que se réconcilient durablement les peuples, que s'inter-tissent les mémoires avec au cœur l'accord d'un plus jamais.
Si l'amitié franco-allemande est désormais solide, nos limites frontalières fondues aux échanges quotidiens et nos deux pays devenus colonne vertébrale européenne, qu'en est-il cependant des rapports franco-algériens ?
Métis, nos sangs, nos histoires et nos mémoires sont liées, mais que savons-nous de l'un, de l'autre, de chaque côté de cette Méditerranée dont les bords s'éloignent encore sous les discours néfastes et les pêle-mêle confus, dans le dédale des jours, des rues et des imaginaires où croupissent encore des nappes de non-dits, des tensions et d'autres mythes sans fondements que la rencontre ne demande qu'à lever. À quand la création d'un Office Franco-Algérien pour la Jeunesse ? C'est ce qui est demandé, et pour le faire exister, YADRA nous le démontre, il y a provision d'énergie, réel désir sourires.
Quelqu'un citait Flaubert hier : « le passé nous tourmente, le futur nous inquiète, et le présent nous échappe ».
Alors répondre que s'échappe du présent les tourments du passé pour un futur fécond. YADRA hier c'était l'échappement, le présent libéré.
Si le présent fait la mise en jeu des temps, YADRA a mis en jeu nos corps et nos cultures, algériennes, allemandes, françaises, et c'était charivari des langues, géographie retournée les Nords les Suds inversés flux migratoires biaisés, humour à l'eau écarlate pour faire rougir les technocrates, discours d'un cabinet à l'autre sur ministères de faïence pour tirer la chasse aux constipations...Et puis se souvenir encore les chants et le public touché, et les anecdotes qui font mouche parce qu'on s'y reconnaît, et ce gros désir longtemps tenu de rire ensemble sans retenue, voilà !
Les membres réunis du projet YADRA ont su mettre du jeu au fil des échanges, créer ensemble par-delà les langues, les cultures et la distance un pôle rayonnant qui dit, c'est déjà loin cinquante ans, mais en avant, encore en avant. Et ce qu'on voit, c'est mise en rire, mise en relation, c'est que les corps sont là, vivants, pleins de bonne volonté devant les discours qui ne s'écrivent pas aussi vite que les rencontres ne se font, devant les politiques qui ne comprennent pas l'optimisme de nos vouloirs, ou qui les masquent et qu'on refuse. Cet hier, manifestation vive des semaines passées représentait tout l'enjeu de notre devenir ouverts, et de la salle à la scène, ce qui passait ce qu'on vivait, il faut en parler aujourd'hui, les faire tourner, ils sont devenus maintenant témoins de possibilité.
Mais YADRA, YADRA, c'est dans ton nom, « qu'en sera-t-il ? ».
G.T.
Yadra!
C'est 30 jeunes d'Algérie, d'Allemagne et de France, YADRA c'est un cri
qui vient du cœur et qui évoque le besoin d'amour et de partage! Soutenez
le projet, que nous souhaitons voir continuer, en vous rendant sur
KissKissBankBank, le site de Crowdfunding en cliquant ICI