1- Tu es française d’origine algérienne, de quelle région d’Algérie es-tu ? Parle un peu de cette double nationalité?
Léa : Je suis Algérienne du coté de ma mère. De Tizi Ouzou, en Grande Kabylie, plus exactement de Ait Sidi Amar, un petit village dans la montagne près de Bouzeguène. Le métissage peut être une source de richesse, car connaître une autre culture permet de "comparer" deux points de vue, et donc de prendre plus facilement du recul par rapport aux valeurs inculquées dans l'une ou dans l'autre. Mais finalement, pour résumer ma situation, je me sens surtout méditerranéenne.
2- Comment tu as connu UTC? Comment l'idée de faire un volontariat avec UTC t'es venue? Pourquoi UTC et pas une autre asso?
Léa : C'est mon père qui m'a transmis leur annonce pour le SVE. J'aurai 28 ans en juillet et je cherchais à faire un service volontaire pour partir et vivre une nouvelle expérience. Avec UTC, la procédure a été simple et rapide, et tout les frais ont été pris en charge.
3-Tu es en service volontaire à Tanger, au Maroc, un pays différent de là d'où tu viens, comment tu te vois dans cette différence? Comment tu te sens dans cet environnement arabe-musulman et traditionnel?
Léa : Les deux premières semaines n'ont pas été faciles, seule dans la rue je ne me sentais pas du tout à l'aise. Mais ce sentiment a vite disparu, en apprenant à connaître les lieux, et d'une certaine manière la population. Maintenant, je me sens presque chez moi, car dans biens des aspects ce n'est pas si différent de ce que j'aime de Marseille. Ce qui change, c'est par exemple, le fait que beaucoup de femmes n'osent pas aller dans un café de peur que cela nuise à leur réputation. De la même façon, beaucoup voilent leurs cheveux parce qu'il devient difficile de faire différemment des autres. Nulle part sur terre il n'est simple d'être soi-même, sans se soucier du pouvoir des autres. Mais ici, c'est ce qui m'a marqué le plus.
4- Est-ce que le fait d’être d’origine algérienne t’a aidé à t’intégrer, ou pas du tout ?
Léa : C'est plus précisément d'avoir grandi avec cette culture qui m'a aidé. Cela m'a permis d'avoir déjà quelques points communs avec la culture marocaine. Mieux comprendre les us et coutumes, connaître déjà quelques mots, savoir marchander, aller au Hammam, apprécier la musique traditionnelle,… Tout cela participe à faciliter la prise de contact avec les gens.
5- Décris ta mission au Maroc ? Qu'est-ce que tu fais avec l'association Chifae?
Léa : En tant que photographe, j'ai été principalement chargée de la communication de l’association Chifae. Cela signifie que je dois aider l’association à être plus visible, par ses partenaires, et son public. Avant toute chose, je dois donc agrandir le répertoire photographique de l'association, en faire ensuite des publications sur le facebook, que je dois notamment revoir depuis le début. Nous prévoyons d'améliorer le site web et de faire des maquettes d'affiches, flyers… Mais aussi de former les salariés de l’association à la photographie. D'un autre coté, je commence à construire mes futures propositions d'activités, qui mûrissent justement en photographiant et en observant l'impact des activités de Chifae sur la population. Et enfin, comme chaque volontaire d'UTC, je participe à l'élaboration du réseau MER en jouant un rôle dans la communication interne et publique (blog, affiche…).
6- Ton travail à l'air très intéressant, n'est ce pas? Quel est le rôle de l'association Chifae exactement?
Léa : Oui, toutes ces rencontres sont très enrichissantes, et confirment jour après jour mon projet de participer à l'amélioration de la vie de ce quartier, et à la diffusion des bienfaits de cette association. En effet, Chifae vise, à travers un grand nombres d'actions, le développement du quartier Bir Chifae. Cela passe par des formations ayant pour but l'insertion professionnelle, et par des activités culturelles ou artistiques, mais aussi d'ordre écologique, et biens d'autres choses encore…
7- Est ce que tu crois que cette expérience te permettra d'évoluer? Est ce que tu apprends des choses?
Léa : J'ai encore beaucoup à apprendre des rapports humains, et je crois que d'être seule au Maroc est une excellente manière de progresser plus rapidement sur ce plan là, aussi sur la pédagogie. J’espère aussi pouvoir de mieux en mieux communiquer en arabe, et réussir à organiser des activités complémentaires pour les bénéficiaires de l'association.
8- Un dernier mot pour le public qui nous lit à travers notre blog?
J’essaye de tenir un blog photo pour raconter le quotidien de ce service volontaire à Tanger: si vous voulez y faire un tour: http://sve-tanger.blogspot.com/
Interviewée par Amina Kara, volontaire à Marseille.