19/05/2012

Une Terre Culturelle a 10 ans, une décade qui ne décadance!

 

Le 18 mai 2012, à l'Equitable Café, notre association a fêté ses dix années d'existence. C'était l'occasion de revenir sur les très nombreux échanges et réalisations effectuées depuis la création, l'occasion aussi de mesurer l'étendue du travail de mise en relation interculturelle effectué au gré des années. Les pays avec lesquels nous avons développé des partenariats sont désormais nombreux, avec, dans le désordre, Allemagne, Algérie, Liban, Palestine, Kosovo, Macédoine, Brésil, Turquie, Chypre, Bosnie, Tunisie, Égypte, Serbie...Nous continuons de rencontrer, lors des échanges et des créations de projets, de nouveaux partenaires; et nous prolongeons à plaisir les liens avec ceux déjà connus, toujours en découverte pourtant.







Certains participants des premiers jours étaient là pour les 10 ans, comme Kamel ou Fatah... il y avait aussi des volontaires, comme Ingrid, Pascaline, Matthieu, Gabriel..., les indéfectibles salariés de la team UTC, Amandine, Cassandre, Janina, Rafik  et bien sûr les membres du CA, comme David, Abdelkader, Pascal, Jean-Pierre... Il fut possible lors de ces retrouvailles de voir comme ces échanges ont influencé les trajectoires de chacun, leur façon de concevoir le monde et les riches différences.


À l’Équitable Café, Abdelkader & Pascal au micro
Présentation de court-métrages réalisés (ici, franco-allemand-palestinien)
Après un temps de présentation de l'association et de l'esprit dans lequel elle développe ses projets fait par Abdelkader, Jean-Pierre et Rafik ; Pascal, psychologue de profession et secrétaire du CA, a pu introduire au public présent les rapports qu'entretiennent interculturalité et constitution de soi. Gabriel a lu un extrait du "Traité du Tout-Monde", d'Édouard Glissant (voir ci-dessous), un appel poétique à la rencontre des diversités faisant entièrement écho au projet d'UTC. Par la suite, CAMADU, un groupe de jazz constitué pour l'occasion, avec Carina (clarinette), Mario (guitare électro-acoustique) et Édouardo (claviers) nous a offert un concert, de quoi rythmer la rencontre.

Mais, mais, ce que l'on ne vous a pas encore dit, c'est que ce 18 mai, charnière, a vu aussi la rencontre de deux séminaires: franco-allemand-algérien et franco-allemand-bosnien! Avec nous, présents, une cinquantaine de convives venus de tout horizons, et prêts à en discuter, à partager leur expérience récente. Pour le premier groupe, la semaine s'achevait, et il s'agissait de fêter cet au-revoir, tandis que pour le second groupe, la semaine démarrait avec une introduction toute Marseillaise: cosmopolite.

Ingrid alias BuzzbuzzminigriT nous déclame sa poésie

Portail des 4 vents
La soirée s'est ensuite prolongée à la bastide de la Tour Sainte, dans le 14ème arrondissement, en haut de l'Estaque. C'est un ancien presbytère, mais qui n'a rien d'austère, ça non! Récemment renommé "Le Mascaret" suite à une reprise de projet, ce lieu emblématique de nos échanges reste pour nous cependant, "Les 4 vents", et le souvenir de nos passages le laisse peuplé(s) à tous les coins. 

La fête, qui rassemble en allégresse sans question, enseigne le goût du rire, elle est certainement l'une des meilleures activités interculturelle qui soit. Échanges de paroles, de musiques, danses, cuisines, goûts, tous les sens sont invités; c'est un temps de vie complet, si humain, donnant part belle aussi à l'apprentissage émotionnel. 

En avant la zizique!
Certains participants de l'échange purent ainsi nous présenter quelques un de leurs talents, comme Martin, avec un bon vieux schlager (chanson populaire allemande assez clownesque) des familles, ou Hadi, Amina, Mamadou pour la musique, Rachid et Salim pour le théâtre, et bien d'autres encore...

Alors voilà, UTC fête sa décade, une décade sans décadence, gardant cadence sans décatis!
Mamadou aux platines, avec le Martin' set



Remerciements : Emilie Petit, l'Équitable café et son équipe (Marie!), Carina, Mario, Edouardo, Mamadou, Moussa, Kamel, Yanis & Inès, Linda, Ysia, Joseph et sa famille



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"Nous ne voyons pas toujours et le plus souvent nous tâchons à ne pas voir, la misère du monde, celle des forets du Rwanda et des rues de New-York, celle des ateliers clandestins d'Asie où les enfants ne grandissent pas et celle des hauteurs silencieuses des Andes, et celle de tous les lieux d'abaissement, de dégradation et de prostitution, et combien d'autres qui fulgurent au-devant de nos yeux écarquillés, mais nous ne pouvons pas ne pas admettre que cela fait un bruit, une rumeur inlassable que nous mélangeons sans savoir à la petite musique mécanique et serinante de nos progrès et de nos dérivages.

Chacun a ses raisons d'aller à cette écoute du monde et ces manières différentes servent à changer ce bruit du monde que tous en meme nous entendons ici-là.

Et ces raisons, que nous avons arrachées en une difficile passion d'écrire et de créer,de vivre et de lutter, deviennent aujourd'hui pour nous des lieux communs que nous apprenons à partager; mais lieux communs précieux: contre les dérèglements des machines identitaires dont nous sommes si souvent la proie, comme par exemple du droit du sang, de la pureté de la race, de l'intégralité, sinon de l'intégrité du dogme.

Nos lieux communs, s'ils ne sont aujourd'hui d'aucune efficacité contre les oppressions concrètes qui stupéfient le monde, se tiennent pourtant capables de changer l'imaginaire des humanités: c'est par l'imaginaire que nous gagnerons à fond sur ces dérélictions qui nous frappent, tout autant qu'il nous aide déjà, dérivant nos sensibilités ,à les combattre." 
 Edouard Glissant, Traité du Tout-Monde, p18.