06/03/2012

Réunions des Volontaires d'UTC au Centre Social l'AGORA : Visite du quartier Picon-Busserine

Réunion des volontaires d'UTC et mise en place de leur projet local : Tous les mois, les volontaires d'Une Terre Culturelle se retrouvent afin de faire le point sur le déroulement de leur service civique (Sont-ils satisfaits de leurs missions? Quelles sont leurs attentes/projets après le SCV*? Comment UTC pourrait les aider à élargir leurs horizons d'études/professionnels? Quelles formations/échanges peut-on leur proposer?).

Projet local : Lors de ces réunions, nous réfléchissons également sur les actions locales pouvant être mises en place. A ce jour, nous avons statué sur la création d'un tournois de football qui aura pour but de réunir et de faire se rencontrer, par l'intermédiaire des jeunes des différents centres sociaux et clubs de foot où travaillent les volontaires, les habitants de différents quartiers de la ville. Ce ne sera pas le but mal encaissé au goal perforé, ni la victoire définitive de l'équipe de ci ou de là qui sera centre de l'attention, mais davantage la passe et l'échange, la convivialité, la relation interculturelle alliée à la rencontre interquartiers.

Des réunions itinérantes : Parce que nous voulons enrichir notre connaissance de la ville de Marseille et de ses différentes réalités socio-culturelles, nous avons fait le choix d'organiser ces réunions de volontaires de façon itinérante, faisant en sorte qu'à chaque rencontre, nous découvrions la mission et le lieu de travail d'un de nos volontaires. Cette fois-ci, nous retrouvions Kevin Vacher au Centre Social de l'AGORA, dans le quartier Picon-Busserine qui se trouve au nord de la ville, à la croisée du Merlan et du village de Sainte Marthe.

Découverte du quartier de Picon-Busserine et des problématiques liées au projet ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine) : Kévin, étudiant en sociologie parallèlement à son service civique, se dédie particulièrement à aider les habitants du quartier de Picon-Busserine et les associations de défense des locataires (CSF: Confédération Syndicale des Familles et CLCV: Consommation Logement et Cadre de Vie).


Au cours de la visite qu'il nous fait du site, nous découvrons l'utilité immédiate de ces deux associations qui militent contre les malversations des bailleurs sociaux et les injustices conséquentes aux travaux de rénovation et de relogement du quartier. Un vaste plan de réfection en effet a été mis en place sous l'impulsion de l'ANRU, l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine, et des bailleurs sociaux, mais alors que les habitants sont les premiers concernés, ils demeurent dans l'ignorance du sort qui sera réservé à leurs habitations actuelles et des exactes conditions de relogement qu'ils sont en droit d'espérer. Leurs logements actuels, appelés à être détruits, sont laissés entre-temps dans un état déplorable, condamnable, dans le but pervers de pousser les locataires réticents au départ.

La sensibilisation à ces problématiques sociales est brutale, une brève visite nous donne à en observer les enjeux, source nette d'indignation : Tu es neuf ici, l’œil ignare jusqu'à lors, et marche en découverte, atterré, tout de plomb. Il faut raser la zone, on n'y laisse que terres arasées, sans parterre, sans soin - des arbres aux fruits de plastique. On t'apprend "c'est politique de terre brûlée", une expulsion passive à coups de mal vivre. Ils veulent construire bientôt : autre temps, autres mœurs, autre chose, autres gens?


Tu vis au douzième, ton ascenseur est cassé, il tombe comme un hebdomadaire, toutes les semaines, comme ce couperet officiel qu'on te relance à coup de courriers couleurs beau papier, pour que tu signes, pour que tu partes. Tu lis qu'on te reloges à belle enseigne, mais as-tu déchiffré le coup bas? As-tu observé les plus hauts coûts d'habitation? subséquemment entraînés, bien sûr, par la valorisation de l'espace habitationnaire locatif inhérent au projet ANRU... Si tu ne sais pas, si tu veux bien faire, enfin, faire comme on te propose, et que tu hésites, chancelles, et prends le paris; si tu acquiesces avec la docilité de l'être encore isolé, malhabile à la langue, et que tu signes, trop gentil, ça y est te voilà prix. Prix dans la belle équation où l'euro marie le mètre carré à la tête de pipe. Le plus simple, ce qu'ils voudraient, serait qu'on te propose et qu'on te dispose, que tu te taises et laisse faire. Au renouveau! Est-on venu te voir et t'expliquer? te demander ce que tu pensais, ce que tu voulais? Non, le bailleur baille quand il faut concerter, il ne s'éveille et ne répond à la pelle qu'au moment d'encaisser.


Entre-temps, on t'attend, on fait mûrir ton départ: appartements, cages d'escalier aux peintures écaillées, dégâts de toute sortes, crasse accumulée. Les charges sont payées mais l'entretient n'est pas fait, le ménage trimestriel est remis au trimestre prochain, à la destruction de demain. Au puits de lumière, des vitres cassées; on ne les change pas: dépenses inutiles à présent, et quantité négligeable des gens à vivre dedans. Les méandres téléphoniques du pôle réparation? Ils n'ont pas de sortie, ils n'ont peut être même pas d'outils. Il fait froid, et ça s'infiltre, ça entre glacé des glaces cassées, pour que tu en sortes. Encore une fois la terre brûlée. Honte sur ceux-là qui méprisent et n'honorent pas leurs contrats, qui laissent à l'insalubre, avec une négligence perfidement calculée, les gens sur lesquels ils vivent et prospectent.

Ah, ça, avec l'ANRU, l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine, il y a de l'argent à se faire, 1 milliard d'euros rien qu'à Marseille et 137 millions pour le quartier… Pour les trusts fonciers c'est un vrai "coup" immobilier! Mais les bosses, on le craint, reviendront à l'habitant réhabilité, chassé de ne plus pouvoir payer, si rien n'est fait, si nul n'entend leurs protestations. Et les logements, seront-ils au nombre? Et quel profil d'habitation? Appartement pour famille nombreuse ou T4 pour
quator classique, papa maman deux enfants? 
La finalité d'un projet de rénovation urbaine serait-il aussi de rénover les habitants?

 
Des associations qui œuvrent à la défense des locataires : le CSF et le CLCV (confédération syndicale des familles / consommation logement et cadre de vie) : Contre les errances d'une modernité marteau-pilon, les associations militent et solidarisent les habitants. Ce n'est pas encore pour aujourd'hui que les appelés au délogement disparaîtront dans un anonymat d'outre-périphérique. Des manifestations, des réunions et des négociations sont faites pour un relogement à loyer égal, la négociation des conditions de départ et de relogement.
 


Les membres actifs de ces associations ...
>Viennent ainsi au contact des habitants concernés, les tiennent au courant des risques réels de voir leur situation sociale et leur cadre de vie dégradé s'ils donnent leur accord sans négociation préalable.   
>Ont pris contact avec les élus locaux, les bailleurs fonciers, la presse…   
>leur ont adressé des lettres ouvertes, avec pétitions à l'appui.  
>Ont créé un site internet pour la diffusion de leur message et la trace de leurs actions http://anru-marseille.net/ (Arnaque National et Résistance Urbaine).
>Enfin, ont réalisé un reportage récent sur ce scandale immobilier (visionnable ici ou en bas de page). En quatre chapitres succins ( I-Politique de la terre brûlée / II-Les Délogés / III-Le Lendemain / IV-Agir ), il permet de se rendre compte, au travers de visites et d'interviews d'habitants, des réalités actuelles désastreuses et des craintes qu'endurent les locataires.



            Le relogement, la réhabilitation de ces quartiers vétustes est une nécessité, mais elle doit être faite au profit des habitants, avec l'intelligence exigeante d'une meilleure intégration de ces foyers au dynamisme urbain. Il est inadmissible de voir que ces plans de rénovation se transforment en jackpot pour les trusts fonciers, et les associations qui travaillent à la mise en place juste de ces travaux doivent être entendues et soutenues.




            G. Tamalet